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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/121

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sont des renards blancs, assis sur des socles, — des renards fantastiques, bien entendu, des renards déformés par l’imagination japonaise et traduits sous les traits de maigres bêtes aux oreilles de chauves-souris, montrant les dents avec un de ces rires à ne pas regarder, comme en ont les têtes de mort ; ou bien ce sont de frêles portiques de menuiserie, peints en rouge et couverts d’inscriptions noires, parfois espacés au hasard, ailleurs si rapprochés qu’ils forment une sorte de voûte rougeâtre, sous l’autre voûte si verte des feuillées. Quelques maisonnettes s’étagent aussi sur le parcours, humbles boutiques de baguettes d’encens pour le temple, de bonbons pour les enfants qui montent en pèlerinage, ou de petits renards en plâtre, longs comme le doigt mais taillés sur le modèle de ceux de la route et montrant l’affreux rictus qui convient. Partout des branches retombantes, des mousses, des fougères ; de beaux mandariniers, garnis de leurs fruits d’or qui achèvent lentement de mûrir au soleil hivernal. Des roches polies, arrondies par le temps et que d’imperceptibles lichens ont marbrées, à l’ombre,