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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/147

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peine, ces espèces de hangars poussiéreux, où s’entassent les vieilles armes, les vieilles cuirasses, les vieux visages d’acier, tout l’attirail pour faire peur qui servait aux anciennes batailles, et les fanions des Samouraïs, leurs emblèmes de ralliement, leurs étendards. Sur des fantômes de mannequins qui ne tiennent plus debout, posent des armures squameuses, des moitiés de figures poilues, des masques ricanant la mort. Un fouillis d’objets ultra-méchants, qui pour nous ne ressemblent à rien de connu, tellement qu’on les croirait tombés de quelque planète à peine voisine. Ce Japon à demi fantastique, soudainement écroulé après des millénaires de durée, gît là pêle-mêle et continue de dégager un vague effroi. Ainsi, les pères, ou les grands-pères tout au plus, de ces petits soldats d’aujourd’hui, si drôlement corrects dans leurs uniformes d’Occident, se déguisaient encore en monstres de rêve, il y a cinquante ans à peine, lorsqu’il s’agissait d’aller se battre ; ils mettaient ces cornes, ces crêtes, ces antennes ; ils ressemblaient à des scarabées, des hippocam-