Aller au contenu

Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LA TROISIÈME JEUNESSE
DE
MADAME PRUNE





I



Samedi, 8 décembre 1900.

L’horreur d’une nuit d’hiver, par coup de vent et tourmente de neige, au large, sans abri, sur la mer échevelée, en plein remuement noir. Une bataille, une révolte des eaux lourdes et froides contre le grand souffle mondial qui les fouaille en hurlant ; une déroute de montagnes liquides, soulevées, chassées et battues, qui fuient en pleine obscurité, s’entrechoquent, écument de rage. Une aveugle furie des choses, — comme, avant les créations d’êtres, dans les