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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/187

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qui sont en ce moment sur la fin de leur floraison hivernale, y jonchent la terre de leurs pétales rouges ; d’autres arbres, au feuillage persistant, des arbres immenses qui ont peut-être l’âge du temple, font voûte au-dessus des tapis d’herbe fine ou de petites plantes rares. À mesure que l’on s’élève, on voit s’élever aussi dans un demi-lointain, au delà de cette vallée enclose où Nagasaki a groupé ses milliers de toitures grises, les montagnes d’en face, celles qui sont couvertes de bois funéraires, de pagodes et de tombeaux, celles dont le terrain est si mêlé de cendre humaine et d’où s’exhale éternellement le parfum des baguettes brûlées pour les morts. Plus loin, la grande échancrure bleue de la rade s’ouvre entre les escarpements et les complications charmantes de ses rives. Et enfin, tout là-bas, à peine dessinés, presque perdus dans ce bleu qui devient de plus en plus souverain, apparaissent les îlots avancés qui terminent le Japon, ces îlots que l’on dirait trop confiants en l’immensité liquide alentour, et trop jolis, avec leurs cèdres des bords, qui se penchent sur la mer…