Aller au contenu

Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gue parade militaire, où figuraient chaque fois un millier d’hommes. Les autres bruits de Séoul commençaient ensuite, dominés par le hennissement continuel des chevaux, — de ces petits chevaux coréens, ébouriffés et toujours en colère, qui se battent et qui mordent.

Ce palais d’empereur se dissimulait derrière des murs. En se mettant à ma fenêtre on n’en pouvait rien voir, que l’enceinte morose et le grand portique rouge, décoré à la chinoise, avec des monstres sur la frise. D’étranges petits soldats, vêtus à l’européenne, montaient la faction devant cette demeure fermée, ceux-là mêmes dont les trompettes sonnaient chaque jour, avant le soleil levé : sous des képis comme en portent nos troupiers, des figures plates et jaunes, paraissant tout étonnées d’un accoutrement encore si nouveau.

De ma fenêtre, on apercevait aussi, en enfilade, une rue large et droite, où s’agitait une foule uniformément habillée de mousseline blanche, entre deux rangs de maisonnettes bien basses, bien saugrenues, d’un gris monotone et d’un aspect à peu près chinois.