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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/228

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on était en juin et qu’il faisait très chaud, nombre de gens portaient autour du torse et des bras, sous la robe légère, une sorte de carcasse, de crinoline en jonc tressé, pour isoler la mousseline du corps ; cela donnait des bonshommes tout ronds, comme des poussahs en baudruche soufflée.

Au milieu des blancheurs de ces milliers de robes, quelques points rouges éclataient dans la foule comme des coquelicots : les bébés, tous en manteau écarlate, avec capuchon doré. Aussi quelques points couleur de feuille fraîche : les dame de qualité, toutes en manteau vert clair, coiffées d’un grand pli d’étoffe blanche comme les Napolitaines, et s’appuyant pour marcher sur de longues cannes, dans le genre des houlettes de bergère à Trianon ; costumes d’ailleurs très montants, mais avec deux ouvertures pour laisser sortir les pointes des deux seins. — Et les hommes en deuil !… De blanc habillés, ceux-là comme les autres, ils disparaissaient sous des chapeaux en paille de riz, larges d’au moins trois pieds, ayant forme d’abat-jour, et, de plus, ils se