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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/231

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portes, produisait un étonnant effet de cimetière ; on eût dit une infinie jonchée de tombes dans une enceinte crénelée, — avec de longues avenues où s’agitait une peuplade de fantômes, toujours en diaphanes vêtements blancs.

Au sortir des remparts, aussitôt franchies les lourdes portes à donjons, on trouvait une campagne infiniment paisible et mélancolique. Un sol pierreux ; partout des affleurements de ces rocailles grisâtres, pareilles aux montagnes environnantes. Des cèdres, des saules, des verdures d’un éclat tout neuf : une merveilleuse apothéose du printemps, à cette fin de juin ; des tapis de fleurs qu’inondait la gaie lumière ; un bruissement perpétuel de cigales. Et des gens à l’air doux, qui jouaient de l’éventail — des gens vêtus de mousseline blanche, il va sans dire, et coiffés du tout petit chapeau de clown, en crin noir, avec des brides, — venaient timidement et gentiment essayer de causer, avec trois mots français ou latins, appris dans les écoles ; ils vous offraient aussi de vous asseoir avec eux, au bord du chemin, sous le toit de quelque petite échoppe où l’on vendait d’in-