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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/235

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line blanche, que l’on troussait le plus haut possible, maintenant molles, fripées, s’emplissaient de crotte. Jusqu’au soir la pluie tomba du ciel lourd, tomba tranquille et incessante. Dans la rue boueuse, la foule circulait, aussi pressée ; seulement, de blanche qu’elle avait coutume d’être, voici qu’elle venait de passer au jaune uniforme, et les centaines de têtes, avec leurs espèces de grands bonnets de magicien enfoncés jusqu’aux yeux, étaient à présent des cônes bien pointus, sur lesquels ruisselait l’averse.

Et enfin j’ai gardé souvenance d’un jeune moineau, trop vite échappé du nid, qui ce jour-là s’était abattu dans ma chambre, ne pouvant plus voler tant il avait reçu de pluie sur ses pauvres petites plumes neuves. Le lendemain matin, bien séché et réconforté, il s’en alla par la fenêtre ouverte rejoindre ses frères, moinillons de la même couvée, qui pépiaient au beau soleil reparu, en face, perchés sur des gnômes de plâtre et de faïence, à la frise du portique impérial.