Cependant on avait fait monter tous nos matelots pour regarder partir les zouaves. Et quand, en leur honneur, la musique du Redoutable entonna la Marseillaise, on vit d’abord, sur ce paquebot qui s’approchait, les centaines de bonnets rouges tomber, d’un même mouvement d’ensemble, découvrant le velours des cheveux ras sur les têtes brunes ou blondes ; ensuite s’élevèrent les habituelles clameurs : « Vivent les marins ! Vive l’amiral ! » — les matelots répondant : « Vivent les zouaves ! »
Au commandement, ou au sifflet des maîtres de manœuvre, ces immenses cris étaient réglés, de manière qu’ils partaient à l’unisson et que les paroles s’entendaient claires. Et le beau fracas de ces voix d’hommes couvrait le bruit des tambours et des cuivres, ébranlait chaque fois l’air morne, pendant que s’abaissaient et se relevaient lentement, pour un salut, les pavillons des deux navires, leurs larges étamines tricolores, éclatantes ce soir-là sur les nuances tristes de la mer et du ciel.
Mais, comme encore cela ne dépassait pas le cérémonial coutumier des départs, le comman-