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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/310

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emplie de sépultures. Juste devant moi, il y a le vieux temple de cèdre, jadis colorié, doré, laqué, aujourd’hui tout vermoulu et couleur de poussière ; de chaque côté de la porte close, les deux gardiens du seuil, enfermés dans des : cages comme des bêtes dangereuses, dardent depuis des âges leurs gros yeux féroces, et maintiennent leur geste de furie.

Je veille comme un trappeur en forêt. Au Japon, rien de bien terrible ne peut se passer, je le sais bien ; mais je regretterais tant de lui causer le moindre ennui, à la pauvre petite innocente que je suis venu troubler !… Personne… Aucun bruit, que celui de la chute légère des feuilles d’octobre. Et tant de calme autour de moi, tant de calme que l’attitude de ces deux forcenés dans leur cage ne s’explique plus… Ce silence commence de m’inquiéter. Est-ce que tout serait abandonné alentour, et ma petite amie envolée…

Avec un gémissement de vieille ferrure, la porte du temple enfin s’ouvre, et c’est Inamoto elle-même qui paraît, en robe simplette, les manches retroussées, un balai à la main, pous-