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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/327

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fois vers le vieux parc abandonné, là-haut, en pleine ville des morts. Par ce temps gris, automnal pour la première fois de la saison, je retrouve dans les chemins grimpants, parmi les feuilles mortes et les longues fougères somptueuses, mes nostalgies de l’automne passé. Combien m’étaient déjà familières les moindres choses de ces parages, chaque tournant des sentiers, chaque tombe enlacée de son lierre japonais aux feuilles en miniature, et les vieux petits bouddhas de granit au sourire d’enfant mort, et les lichens vert pâle sur le tronc des grands cèdres… Vraiment je n’arrive pas à me figurer que tout cela, je ne le reverrai jamais, jamais plus.

De l’autre côté du mur aux fines capillaires, Inamoto m’attendait, agitée, inquiète, disant que je n’étais pas à l’heure, que son père allait l’appeler, qu’on aurait à peine le temps de se voir.

Est-ce possible qu’au fond de sa petite âme il y ait eu sincèrement un peu d’amitié pour moi ? Il le faut bien, à ce qu’il semble, pour qu’elle soit tout le temps revenue. Et d’ailleurs