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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/35

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— Monsieur, m’a-t-il répondu, je vais vous conduire dans une de nos maisons-de-thé les plus élégantes, qui s’appelle la « Maison de la Grue », et l’on s’empressera de contenter votre caprice.

(Je prie que l’on ne s’y trompe pas : dans cette appellation, le mot grue (o tsuru) ne désigne qu’un oiseau.)

C’est tout à côté de Motokagomachi, dans une ruelle ; on entre par un petit portique d’apparence comme il faut ; on traverse un bijou de petit jardin où il y a des montagnes naines, des rocailles de poupée, des vieux arbres en miniature ; et la Maison de la Grue est au fond, très accueillante et très discrète. Comme les Européens n’y fréquentent guère, elle a conservé sa minutieuse propreté japonaise ; je me déchausse en entrant, et deux servantes, à mon aspect, tombent à quatre pattes, le nez contre le plancher, suivant la pure étiquette d’autrefois, que je croyais perdue. Au premier étage, dans une grande pièce blanche qui est vide et sonore, on m’installe par terre, sur des coussins de velours noir, et