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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/81

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sur les côtés, traîne devant, et qui, grâce à un jeu de bourrelets intérieurs, reste toujours majestueusement étalée autour de la mièvre petite bonne femme.

Et la dînette commence par terre, tous les services apportés en bon ordre et en rang par les six servantes correctes, dont la noire théorie s’avance chaque fois comme pour le deuil très officiel de quelque personnage lointain et saugrenu.

C’est la même dînette japonaise que l’on a déjà faite partout : les petites soupes aux algues, les énigmatiques et minuscules choses pour poupées. Mais tout est d’un raffinement extrême, servi dans des porcelaines diaphanes, dans des laques légers, légers, presque impondérables. Et il y a d’étonnantes pâtisseries imitant des paysages, des sites de rêve nippon, rocailles en sucre brun, vieux cèdres en sucre verdâtre très délicatement feuillus.

Après souper, ces dames, qui sont haut cotées et se font payer fort cher, consentent à retirer de leurs étuis de crépon les longues guitares à voix de sauterelle et les spatules d’ivoire qui