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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/83

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pelle que dehors la gelée blanche de l’extrême matin doit commencer de se déposer sur la ville endormie. Il est temps de quitter ce lieu d’élégance étrange.

Pour finir, un jeu puéril sans gaîté. Par terre, dans la salle très vide, on forme un cercle avec les coussins de velours funéraire, espacés d’une longueur de mousmé, et là-dessus nous voici tous courant à la file et en rond, d’un pas que rythme une chanson de cent ans. — Les Japonais s’amusaient à ce jeu dans la nuit des âges : de vieilles images en font for. — A perdu qui n’est pas perché sur le velours d’un coussin noir, quand brusquement la chanson s’arrête, et les guéchas alors font entendre des petits rires, comme une dégringolade de perles fausses.

Oh ! la niaiserie et la tristesse de cela, au milieu de cet exotisme extrême, au pied de la pagode du Cheval de Jade, dans le grand silence des entours et dans la froidure d’un minuit de janvier !…

Allons-nous-en ! — Nos coureurs, en bas, nous attendent, endormis dans des couvertures,