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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/86

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des cloches à melon sur les têtes… Qu’est-ce que ça pouvait bien être, ce monde-là ? Des Japonaises, fagotées ainsi, lourdement et sans grâce ? — Pas possible.

J’ai pressé le pas pour vérifier. Et, sous les hauts bonnets comiques, j’ai bien vu des figures plates de mousmés ou de jeunes femmes nipponnes ; mais ces dames avaient l’air sérieux, pénétré, ne riaient point ; l’habituel badinage des rencontres n’eût pas été de circonstance, évidemment, et j’ai passé, sans rire moi non plus.

Ensuite je me suis informé : c’était l’école des ambulancières pour l’armée, qui faisait une promenade hygiénique d’entraînement !… Tout est à la guerre, en ce moment-ci, tout est préparatifs pour cette grande tentative contre la Russie, — qui, du reste, ne constituera que la manifestation initiale de l’immense Péril jaune.

On m’a assuré que, dans les rangs de ces petites créatures empaquetées en tenue d’hôpital, il se trouvait des dames nobles, des descendantes de ces vieilles familles dans les-