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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/101

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polynésienne qui m’avaient frappé, tous ces mots au sens vague ou mystique, sans équivalents dans nos langues d’Europe, étaient familiers à Rarahu qui les employait ou me les expliquait avec une rare et singulière poésie…

— Si tu restais plus souvent à Apiré la nuit, me disait-elle, tu apprendrais avec moi beaucoup plus vite une foule de mots que ces filles qui vivent à Papeete ne savent pas… Quand nous aurons eu peur ensemble, je t’enseignerai, en ce qui concerne les Toupapahous, des choses très effrayantes que tu ignores… —

En effet, il est dans la langue maorie beaucoup de mots et d’images qui ne deviennent intelligibles qu’à la longue, quand on a vécu avec les indigènes, la nuit dans les bois, écoutant gémir le vent et la mer, — l’oreille tendue à tous les bruits mystérieux de la nature.

XLIV

… On n’entend aucun chant d’oiseaux dans les bois tahitiens ; les oreilles des maoris igno-