Aller au contenu

Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vieux cimetières maoris, objet d’effroi pour tous, et résidence des terribles Toupapahous…….


Il y a peu de passants dans la rue de Taïohaé ; les agitations incessantes de notre existence européenne sont tout à fait inconnues à Nuka-Hiva. Les indigènes passent la plus grande partie du jour accroupis devant leurs cases, dans une immobilité de sphinx. Comme les Tahitiens, ils se nourrissent des fruits de leurs forêts, et tout travail leur est inutile… Si, de temps à autre, quelques-uns s’en vont encore pêcher par gourmandise, la plupart préfèrent ne pas se donner cette peine.

La popoï, un de leurs mets raffinés, est un barbare mélange de fruits, de poissons et de crabes fermentés en terre. Le fumet de cet aliment est inqualifiable.

L’anthropophagie, qui règne encore dans une île voisine, Hivaoa (ou la Dominique), est oubliée à Nuka-Hiva depuis plusieurs années. Les efforts des missionnaires ont amené cette heureuse modification des coutumes nationales ; à tout autre point de vue cependant, le christianisme superficiel des indigènes est resté sans action sur leur