Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/161

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Une fine poussière d’eau était répandue comme un voile sur toute cette nature ; tout en haut apparaissait le ciel, comme entrevu du fond d’un puits, et la tête des grands mornes à moitié perdus dans des nuages sombres.

Ce qui frappait surtout Rarahu, c’était cette agitation éternelle, au milieu de cette solitude tranquille : un grand bruit, et rien de vivant ; — rien que la matière inerte suivant depuis des âges incalculables l’impulsion donnée au commencement du monde.


Nous prîmes à gauche par des sentiers de chèvre qui montaient en serpentant sur la montagne.

Nous marchions sous une épaisse voûte de feuillage ; des arbres séculaires dressaient autour de nous leurs troncs humides, verdâtres, polis comme d’énormes piliers de marbre. — Les lianes s’enroulaient partout, et les fougères arborescentes étendaient leurs larges parasols, découpés comme de fines dentelles. En montant encore, nous trouvâmes des buissons de rosiers, des fouillis de rosiers en fleurs. — Les roses du Bengale de toutes les nuances s’épanouissaient là haut avec une singulière profusion, et à terre