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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/192

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Papeete. Quand elles eurent été reçues avec les honneurs d’usage, je restai les yeux fixés sur les canots nombreux, pirogues et baleinières qui ramenaient leur suite ; la foule s’était augmentée encore d’une quantité de jeunes femmes de Moorea qui voulaient prolonger la fête à Tahiti.

Enfin je vis Rarahu ; elle était là, elle revenait aussi. Elle avait changé sa tapa blanche pour une tapa rose, et mis des fleurs fraîches dans ses cheveux ; elle avait l’air triste et distrait ; son visage était plus pâle, on voyait plus nettement son tatouage sur son front décoloré, et les cercles bleuâtres s’étaient accentués sous ses yeux.

Sans doute elle était restée à la upa-upa jusqu’au matin ; mais elle était là, elle revenait, et c’était pour le moment tout ce que je désirais d’elle.

XXXIII

La traversée s’était effectuée par un beau temps calme.

C’était le soir, le soleil venait de disparaître ; la frégate glissait sans bruit, en laissant derrière