Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/196

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— « Je le savais bien, va, que je n’étais qu’une petite créature inférieure, jouet de hasard que tu t’es donné. Pour vous autres, hommes blancs, c’est tout ce que nous pouvons être. Mais que gagnerais-je à me fâcher ? Je suis seule au monde ; à toi ou à un autre, qu’importe ? J’étais ta maîtresse ; ici était notre demeure ; je sais que tu me désires encore. Mon Dieu, je reste, et me voilà !… »

La petite fille naïve avait fait de terribles progrès dans la science des choses de la vie ; l’enfant sauvage était devenue plus forte que son maître et le dominait.

Je la regardais en silence, avec surprise et tristesse ; j’en avais une immense pitié. Et ce fut moi qui demandai grâce et pardon, pleurant presque, et la couvrant de baisers.

Elle m’aimait encore, elle, comme on aimerait un être surnaturel, que l’on pourrait à peine saisir et comprendre……

Des jours doux et paisibles d’amour succédèrent encore à cette aventure d’Afareahitu ; l’incident fut oublié, et le temps reprit son cours énervante..........