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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/239

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m’avait seule aperçu et reconnu ; sa voix d’enfant, déjà bien affaiblie et presque mourante, cria :

« Ia ora na, Loti ! » (Je te salue, Loti !) C’était la petite princesse Pomaré V, la fille adorée de la vieille reine.

J’embrassai par la fenêtre sa petite main qu’elle me tendait, et l’incident passa inaperçu du public…


Nous continuâmes à errer tous deux ; nous n’avions plus de gîte où nous retirer ensemble ; Rarahu était influencée comme moi par la tristesse des choses, le silence et la nuit.


À minuit elle voulut rentrer au palais, pour faire son service auprès de la reine et d’Ariitéa. Nous ouvrîmes sans bruit la barrière du jardin et nous avançâmes avec précaution pour examiner les lieux. C’est qu’il fallait éviter les regards du vieil Ariifaité, le mari de la reine, qui rôde souvent le soir sous les vérandahs de ses domaines.

Le palais s’élevait isolé, au fond du vaste enclos ; sa masse blanche se dessinait clairement à