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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/275

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Il faisait une accablante chaleur d’orage. — L’air était chargé de senteurs de goyaves mûres ; toutes les plantes étaient énervées. De jeunes cocotiers d’un jaune d’or dessinaient leurs palmes immobiles sur un ciel noir et plombé ; le morne de Fataoua montrait dans les nuages ses cornes et ses dents ; ces montagnes de basalte semblaient peser lourdes et chaudes sur nos têtes, et oppresser nos pensées comme nos sens.

Deux femmes, qui paraissaient nous attendre au bord du chemin, se levèrent à notre approche et s’avancèrent vers nous.

L’une qui était vieille, cassée, tatouée, entraînait par la main l’autre, qui était encore belle et jeune ; — c’était Hapoto, et sa fille Taïmaha.

— « Loti, dit humblement la vieille femme, pardonne à Taïmaha…… »

Taïmaha souriait de son éternel sourire en baissant les yeux comme un enfant pris en faute, mais qui n’a pas conscience du mal qu’il a fait et n’en éprouve aucun remords.

— « Loti, dit Rarahu en anglais, Loti pardonne-lui ! »

Je pardonnai à cette femme, et pris sa main qu’elle me tendait. — Il ne nous est pas possible,