Aller au contenu

Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— « Loti !…, ton frère aussi devait revenir !…

« Vous dites tous cela, continua-t-elle lentement, comme repassant ses propres souvenirs. — Quand vous quittez mon pays, vous dites tous cela. — Mais la terre britannique (te fenua piritania) est loin de la Polynésie ; de tous ceux que j’ai vus partir, il en est bien peu qui soient revenus… »


— « En tout cas, embrasse celle-ci, dit-elle en me montrant sa petite-fille. — Car celle-ci, tu ne la retrouveras plus… »

XXIX

Le soir, Rarahu et moi, nous étions assis sous la véranda de notre case ; on entendait partout dans l’herbe les bruits de cigales des soirs d’été. — Les branches non émondées des orangers et des hibiscus donnaient à notre demeure un air d’abandon et de ruine ; nous étions à moitié cachés sous leurs masses capricieuses et touffues.

— « Rarahu, disais-je, ne veux-tu plus croire au Dieu de ton enfance, qu’autrefois tu savais prier avec amour ? »