Aller au contenu

Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle, — elle les voulait tous, tous ceux qui étaient un peu beaux.

» Elle se mourait de la poitrine, et comme elle s’était mise à boire de l’eau-de-vie, son mal allait très vite.

» Un beau jour, — (c’était en novembre 1875, elle pouvait avoir 18 ans) — on apprit qu’elle était partie, avec son chat infirme, pour son île de Bora-Bora, où elle s’en était allée mourir, et où, paraît-il, elle ne vécut que quelques jours. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

XI

Je sentis qu’un froid mortel me montait au cœur. Un voile passa devant mes yeux…

Ma pauvre petite amie sauvage !… Souvent en m’éveillant la nuit je la revoyais encore ; — malgré tout, je retrouvais son image, avec je ne sais quelle douceur triste, quelle espérance vague, avec je ne sais quelles idées de pardon et de rédemption, — et tout était fini dans la fange, dans l’abîme de l’éternel néant !…

Je sentis qu’un froid mortel me montait au cœur. — Un voile passa devant mes yeux… Et je restai