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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/36

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trop lourdes pour les enlever ; l’air était chargé de senteurs énervantes et inconnues ; tout doucement je m’abandonnais à cette molle existence, je me laissais aller aux charmes de l’Océanie……

Au fond du tableau, tout à coup des broussailles de mimosas et de goyaviers s’ouvrirent, on entendit un léger bruit de feuilles qui se froissent, — et deux petites filles parurent, examinant la situation avec des mines de souris qui sortent de leurs trous.

Elles étaient coiffées de couronnes de feuillage, qui garantissaient leur tête contre l’ardeur du soleil ; leurs reins étaient serrés dans des pareos (pagnes) bleu foncé à grandes raies jaunes ; leurs torses fauves étaient sveltes et nus ; leurs cheveux noirs, longs et dénoués… Point d’Européens, point d’étrangers, rien d’inquiétant en vue… Les deux petites, rassurées, vinrent se coucher sous la cascade qui se mit à s’épivarder bruyamment autour d’elles……

La plus jolie des deux était Rarahu ; l’autre, Tiahouï, son amie et sa confidente……


Alors Tétouara, prenant rudement mon bras,