Aller au contenu

Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais, quand nous fûmes seuls dans la campagne, loin du bruit de la fête, au milieu des bois et de l’obscurité, autour de moi je trouvai tout absurde et maussade, le calme de la nuit, le ciel brillant d’étoiles inconnues, le parfum des plantes tahitiennes, tout, jusqu’à la voix de l’enfant délicieuse qui marchait à mon côté… Je songeais à Ariitéa, en longue tunique de satin bleu, valsant là-bas chez la reine et un ardent désir m’attirait vers elle ; — Rarahu avait ce soir-là fait fausse route, en m’entraînant dans sa solitude.

XXII

LOTI À SA SŒUR À BRIGHTBURY.

Papeete, 1872.
« Chère petite sœur,

» Me voilà sous le charme, moi aussi — sous le charme de ce pays qui ne ressemble à aucun autre. — Je crois que je le vois comme jadis le voyait Georges, à travers le même prisme enchanteur ; depuis deux mois à peine j’ai mis le pied dans cette île, — et déjà je me suis laissé captiver. — La déception des premiers jours est