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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/66

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Nous vîmes s’avancer tout à coup une personne vêtue d’une tunique traînante en gaze vert d’eau, avec de longs cheveux noirs soigneusement nattés, et, sur le front, une couronne de jasmin…

On voyait un peu à travers la fine tunique sa gorge pure de jeune fille que n’avait jamais contrariée aucune entrave… On voyait aussi qu’elle avait roulé autour de ses hanches, un pareo somptueux, dont les grandes fleurs blanches sur fond rouge transparaissaient sous la gaze légère……

Je n’avais jamais vu Rarahu si belle, ni se prenant autant au sérieux……

Un grand succès d’admiration avait salué son entrée… Le fait est qu’elle était bien jolie ainsi, — et que sa coquetterie embarrassée la rendait encore plus charmante……

Confuse et intimidée elle était venue à moi ; puis sur l’herbe elle s’était assise à mon côté, et restait là immobile, les joues empourprées sous leur bistre, les yeux baissés, comme une enfant coupable qui tremble qu’on ne l’interroge et ne la confonde……

— Loti, tu fais très bien les choses, disait-on dans la galerie…