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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/97

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grande dame du district de Papéouriri avait mises hier sur ma tête à la fête de Taravao.

Je resterai quelques jours encore ici, chez le chef qui était un ami de mon frère ; j’userai jusqu’au bout de la permission de l’amiral.

Il ne me manque que ta présence, frère, pour être absolument charmé de mon séjour à Taravao. Les environs de Papeete ne peuvent te donner une idée de cette région ignorée qui s’appelle la presqu’île de Taravao : un coin paisible, ombreux, enchanteur, — des bois d’orangers gigantesques, dont les fruits et les fleurs jonchent un sol délicieux, tapissé d’herbes fines et de pervenches roses……

… Là-dessous sont disséminées quelques cases en bois de citronnier, où vivent immobiles des maoris d’autrefois ; là-dessous on trouve la vieille hospitalité indigène : des repas de fruits, sous des tendelets de verdure tressée et de fleurs ; de la musique, des unissons plaintifs de vivo de roseaux, des chœurs d’himéné, des chants et des danses.

J’habite seul une case isolée, bâtie sur pilotis, au-dessus de la mer et des coraux. De mon lit de nattes blanches, en me penchant un peu, je vois