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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/122

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XXI

Samedi 10 mars.

Lorsque notre guide, en frappant dans ses mains, sonne le réveil du camp, il semble qu’il ne fasse pas jour encore. C’est que nous sommes dans l’ombre épaisse de la montagne surplombante ; mais le soleil est levé derrière ce rideau de cendre et il éclate déjà sur les cimes lugubres d’en face.

Et nous nous engageons, pour cinq heures d’affilée, dans les gorges du Djebel-Tih.

Finies, les cendres d’hier. Maintenant, ce sont des granits roses, des mondes de granits roses que traversent çà et là, comme de géantes marbrures, des filons de granits bleus. Nous cheminons dans une pénombre et dans un silence de sanctuaire, suivant des couloirs naturels, qui sont comme des nefs d’église agrandies au-delà de toute proportion