Aller au contenu

Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

car N’Nouébia est une oasis de calme et de splendeur.

Le village arabe, aux maisonnettes de terre séchée, est un peu loin de nous, derrière la citadelle, et notre petite ville de toile a été posée sur un sable fin, près de la mer. La plage est semée de corail rouge, de grands bénitiers, de grandes coquilles couleur de chair ou couleur de fleur de pêcher pâle.

Le soir vient ; les eaux immobiles du golfe sont tout en nacre verte, avec des luisants de métal, des reflets de gorges d’oiseaux rares ; et, au-dessus, les granits roses d’Arabie — mais roses d’un rose que les mots n’expriment plus — montent jusqu’au milieu d’un limpide ciel vert, que traversent des petites bandes de nuages orange.

Aucune des magnificences lumineuses que mes yeux avaient vues jusqu’à ce jour sur la terre n’approchait encore de celle-ci…



Maintenant le soleil est caché pour nous derrière les montagnes du rivage où nous sommes ; mais la Grande Arabie d’en face, sans doute, le voit toujours, car elle luit comme un feu de Bengale ; elle est un