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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/147

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morne ensemble ; deux ou trois sveltes palmiers-dattiers et d’étranges palmiers-doums, au tronc multiple, étendant de longues branches folles qui portent chacune un bouquet d’éventails jaunis ; plantes d’aspect antédiluvien, immobiles au soleil, sur le fond cendré et comme vaporeux des sables, des granits roses… Une cigogne solitaire, qui sommeillait là posée, ouvre ses ailes pour nous suivre, et toujours la bergeronnette d’hier vole dans mon ombre et m’accompagne…



Encore une heure de marche sur ces plages, et pourtant voici le fond de l’interminable golfe que nous longions depuis trois journées. L’eau bleu de Prusse décrit une courbe, s’infléchit sur les sables en une sorte de grand cercle terminal, que nous contournons pour passer enfin sur cette autre rive où l’oasis d’Akabah nous attend.

Mais, si la mer finit, les deux murailles de montagnes qui l’enserraient ne finissent pas ; elles continuent de se prolonger, parallèles, vers le nord, jusqu’aux derniers lointains visibles ; seulement, au lieu d’enfermer de l’eau, elles n’enferment plus que des sables, — et le golfe d’Akabah se continue par