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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/234

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Au grand éclairage de trois heures, c’est ensuite une région de genêts qui passe ; des genêts entièrement couverts de leurs fleurs qui sont d’un blanc gris, d’un blanc luisant et presque métallique.

Dans cette sorte de petit bocage tout argenté, le jeune cheik de Pétra prend les devants, parce qu’il a des démêlés avec son dromadaire rétif ; la bête, nerveuse et jeune, se défend, saute comme une chèvre folle, tord son cou de cygne, se retourne les dents dégainées pour mordre en hurlant, — et enfin est maîtrisée par son cavalier : alors ils partent au galop de gazelle dans les genêts, balayant ces broussailles d’argent avec la profusion de leurs franges, pendeloques et glands noirs ; silhouettes élégantes et grêles, en fuite sur l’horizon du désert…



Nous campons le soir en un lieu appelé l’Ouady-Loussein, où il y a quelques herbages.

Et nous y recevons l’horrible visite d’une pléiade de chenilles grises, à longs poils, qui arrivent en files serrées, lentes et inépuisables.