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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/249

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— nous avions si longtemps perdu l’habitude de ces choses !

Puis voici que nous entendons des voix de femmes, — son depuis tant de jours oublié aussi : trois Bédouines, à califourchon sur des ânesses, traversent le camp, rieuses et non plus sauvages comme celles du vrai désert. Quand elles soulèvent, pour mieux nous voir, leurs voiles d’un bleu sombre saupoudrés de gouttes de pluie, on dirait des châsses : leurs figures sont cachées sous des réseaux de corail et d’argent, à travers lesquels elles nous regardent et qui descendent en pendeloques brillantes sur leurs gorges…



En route par de vrais sentiers bordés de tulipes, d’anémones et d’asphodèles, au milieu des champs d’orge qui bientôt couvrent toutes les plaines de leurs magnifiques velours.

L’après-midi, dans une fissure de ce pays plat, une rivière se présente à nous, claire et vive. Nous la passons à gué, — et, sur la rive nouvelle, nous sommes en Palestine !

Au gué, passaient avec nous des groupes de femmes fellahs, bergères voilées de bleu sombre,