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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/256

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raient les imprécations du prophète : « Dromadaire légère, qui ne tiens point de route certaine ! ânesse sauvage, accoutumée au désert, humant le vent à son plaisir ! » (Jérémie, ii, 23, 24).



Plus nombreux qu’hier, les campements arabes, les villages en poil de chameau, couronnent çà et là des élévations de terrain qui semblent pelées et comme mitées, au milieu de ces orges infinies déroulant partout leurs belles peluches vertes ; tous pareils, avec leurs enveloppes noirâtres et velues, qui se tendent sur des branches, on dirait plus que jamais les nids des chenilles géantes par qui seront dévorés les herbages d’alentour…



Après trois heures de route, les terrains se faisant toujours plus ondulés, voici, là-bas, des arbres, — les premiers ! — tout un plein vallon d’arbres ; — et voici la mer, qui, à l’extrême horizon, commence à s’indiquer par une ligne ; — et, enfin, Gaza, avec ses maisons de terre grise et ses minarets blancs, Gaza, au milieu de ses jardins et de ses bois, Gaza