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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/265

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sans fond où gîtent des serpents et des lézards.

À plusieurs reprises, elle fut splendide, surtout à l’époque du dieu Marnas, qui y possédait un célèbre temple. Aujourd’hui, les sables ont comblé son port, enfoui ses marbres. Elle n’est plus qu’un humble marché, à la porte du désert, où s’approvisionnent les caravanes.

Son aspect est resté sarrasin ; au-dessus de l’amas délabré de ses maisons, s’élèvent des mosquées et des kiosques funéraires aux coupoles blanches, s’élancent des palmiers sveltes et de grands sycomores.

Pays de ruines et de poussière. Quartiers d’argile, de boue séchée, avec çà et là, incrusté dans les matériaux vils, un vieux marbre sarrasin, un blason des croisades, un morceau de colonne antique, un saint ou un Baal. Débris de temples, pavant les rues ; frises de palais grecs, par terre, au seuil des portes.

Peu de passants, et bien entendu, aucune trace de voitures ; des dromadaires, des chevaux, des ânons.

Quelques immobiles turbans, blancs ou verts, assis sur les marches des lieux d’adoration. Tout le mouvement, dans le bazar obscur, couvert de palmes fanées, où des Bédouins des différentes tribus du désert achètent, avec de l’argent de pillage, des harnais de chameaux, des étuis de sabre, de l’orge ou des dattes.