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Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/224

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de ces choses nouvelles, mais trop tard sans doute, ou trop vaguement. La discipline du bord, c’était là le grand frein qui avait conduit seul sa vie matérielle, la maintenant dans cette austérité rude et saine qui fait les matelots forts.

La terre avait été longtemps pour lui un lieu de passage où on devenait libre et où il y avait des femmes ; on y descendait comme en pays conquis, entre les longs voyages ; alors on avait de l’argent, et, dans les quartiers de plaisir, on faisait tout plier devant ses caprices et sa force.

Mais vivre d’une vie régulière avec un petit ménage, compter ses dépenses chaque jour, se conduire soi-même et songer au lendemain, ses allures de matelot ne cadraient plus avec ces obligations imprévues. D’ailleurs, autour de lui, dans ce Brest abâtardi et pourri, l’alcool semblait suinter des murs avec l’humidité malsaine. Alors il tombait tout à fait bas comme tant d’autres qui, eux aussi, avaient été bons et braves ; il s’avilissait, se ravalait peu à peu au niveau de ce peuple d’ivrognes ; et sa débauche devenait repoussante et vulgaire comme une débauche d’ouvrier.