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Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/370

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À l’autre bout de Toulven, encore du monde. Cela ne semblait pas naturel, cette animation dans le village, la nuit. Encore des coiffes qui couraient, qui se pressaient pour mieux voir. C’était une bande de pèlerins qui revenaient de Lourdes et faisaient leur entrée en chantant des cantiques.

— Il y a eu deux miracles, monsieur, on l’a su ce soir par le télégraphe.

Je me retournai et vis Pierre Kerbras, le fiancé d’Anne, qui me donnait ce renseignement.

Les pèlerins passèrent, ayant au cou leurs grands chapelets ; derrière, il y avait deux vieilles femmes infirmes qui n’avaient pas été guéries, elles, et que des jeunes hommes rapportaient dans leurs bras.

Le lendemain matin, le vieux Corentin, Anne et le petit Pierre, en habits de dimanche, vinrent me reconduire dans le char à bancs de Pierre Kerbras, jusqu’à la station de Bannalec.

Dans le compartiment où je montai, deux vieilles dames anglaises étaient déjà installées.

On me fit passer petit Pierre, sa bonne figure couleur de pêche dorée, à embrasser par la portière, et lui éclata de rire en apercevant un petit chien bull que les ladies portaient dans leur