Page:Loti - Prime Jeunesse, 1919.djvu/76

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»  Ayez bien de la reconnaissance pour l’amiral ; il a été paternel pour moi.

» G.

»  Tous nos amis, j’y pense bien. »


Je ne crois pas être profanateur en citant cette lettre, maintenant que plus d’un demi-siècle a passé sur le jour d’angoisse où elle fut écrite, sur le jour de deuil où elle nous fut lue. J’en suis du reste seul juge, étant le dernier survivant de ceux à qui elle s’adressait. Il me semble qu’ainsi je la sauve de l’oubli, au moins pour un temps ; je préfère que le pauvre petit morceau de papier bleu sur quoi elle fut tracée, et qui risque d’être détruit par quelque accident comme toutes les choses de ce monde, ne soit pas le seul gardien de cet adieu que je trouve admirable et qui peut faire du bien à tant d’âmes inconnues, aux prises avec la mort terrestre. Je me souviens d’ailleurs que ma mère la fit beaucoup lire, en particulier à des prêtres catholiques qui étaient venus lui faire