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Page:Loti - Roman d’un enfant, éd. 1895.djvu/201

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LE ROMAN D’UN ENFANT

se sauvaient par-dessus le mur ; moi, alors, mettant un pied dans une brèche des pierres, je me hissais jusqu’au faîte, pour les regarder fuir, à travers la campagne accablée et silencieuse ; et je restais là un long moment accoudé en contemplation des lointains : tout autour de l’horizon s’élevaient les montagnes boisées, ayant çà et là des débris de châteaux, des tours féodales sur leurs cimes ; et en avant, au milieu des champs de maïs ou de blé noir, apparaissait le domaine de Bories, avec son vieux porche cintré, le seul des environs qui fût blanchi à la chaux comme une entrée de ville d’Afrique.

Ce domaine, m’avait-on dit, appartenait aux petits de Sainte-Hermangarde, de futurs compagnons de jeux dont on m’annonçait l’arrivée prochaine, mais que je redoutais presque de voir venir, tant ma bande avec les petits Peyral me semblait suffisante et bien choisie.