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Page:Loti - Roman d’un enfant, éd. 1895.djvu/34

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V


Ma mère !… Déjà deux ou trois fois, dans le cours de ces notes, j’ai prononcé son nom, mais sans m’y arrêter, comme en passant. Il semble qu’au début elle n’ait été pour moi que le refuge naturel, l’asile contre toutes les frayeurs de l’inconnu, contre tous les chagrins noirs qui n’avaient pas de cause définie.

Mais je crois que la plus lointaine fois où son image m’apparaît bien réelle et vivante, dans un rayonnement de vraie et ineffable tendresse, c’est un matin du mois de mai, où elle entra dans ma chambre suivie d’un rayon de soleil et m’apportant un bouquet de jacinthes roses. Je relevais d’une de ces petites maladies d’enfant, — rougeole ou bien coqueluche, je ne sais quoi de ce genre, — on m’avait condamné à rester couché pour avoir bien