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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 1.djvu/205

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« Ainsi donc, ô Megillos, tu étais un homme à notre insu, comme on dit qu’Achilleus est resté chez les filles, caché par sa robe de pourpre ?… et tu as une virilité ? et tu fais à Dêmônassa ce que font les hommes ?

— Cela, dit-elle, ô Leaina, je ne l’ai point. Mais il ne s’en faut pas de beaucoup… Tu me verras m’unir d’une façon spéciale, qui est bien plus voluptueuse.

— Alors, ne serais-tu pas un hermaphrodite, dis-je, comme on raconte qu’il y en a beaucoup, qui ont les deux organes ? »

Car je ne savais pas encore, ô Clônarion, ce que c’était.

« Non, dit-elle, je suis tout à fait homme.

— J’ai entendu parler, continuai-je, par la Boïotienne joueuse de flûte Isménodôra, de cette femme thébaine qui est devenue homme, et ce fut un devin excellent, je crois, appelé Teiresias… Est-ce qu’il ne t’est pas arrivé un accident comme celui-là ?

— Non, Leaina, dit-elle. Je suis venue au monde semblable à vous autres femmes ; mais j’ai les goûts, les désirs et tout le reste, d’un homme.

— Et cela te suffit, dis-je, les désirs ?

— Laisse-toi faire, Leaina, si tu ne me crois pas, dit-elle, et tu reconnaîtras que je n’ai rien à envier aux hommes… J’ai quelque chose qui ressemble à une virilité… Allons, laisse-toi faire et tu verras bien ! »