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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 1.djvu/211

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ampélis

Il donnera. Les jaloux s’émeuvent à propos de tout.

chrysis

Mais je ne sais pas pourquoi tu veux que je reçoive des coups, ma chérie !

ampélis

Je ne dis pas cela ; mais je sais que les hommes deviennent de grands amants dès qu’ils imaginent qu’on ne s’inquiète pas d’eux ; et quand un amant se croit le seul, le désir se flétrit en lui.

Je te parle ainsi, moi qui fais le métier depuis vingt ans, et toi tu en as dix-huit, je crois, et même moins. Si tu veux je te raconterai ce que j’ai souffert il n’y a pas beaucoup d’années.

J’avais pour amant Dêmophantos l’usurier, qui demeure près de la Poikilê. Jamais il ne m’avait donné plus de cinq drachmes et il prétendait être le maître. Il ne m’aimait, ô Chrysis, que d’un amour de surface ; jamais il ne soupirait, jamais il ne pleurait, jamais il ne restait la nuit devant ma porte ; il couchait avec moi quelquefois, mais de loin en loin. Un jour qu’il était venu me voir je, ne lui ai pas ouvert la porte, car le peintre Callidês était chez moi, qui m’avait envoyé dix drachmes.