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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 1.djvu/269

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pour toi seul que je vis ? (Elle pleure.) Ce n’est pas bien, Lysias, d’affliger une malheureuse femme qui est folle de toi. Mais il est une, déesse, Adrastéia, qui voit ces choses-là ; peut-être à ton tour pleureras-tu bientôt quand tu apprendras que je me suis étranglée dans mon lit avec un lacet ou que je me suis jetée dans un puits la tête la première, ou que j’ai trouvé la mort d’une manière quelconque pour que ma vue ne t’importune plus. Tu triompheras alors, comme si tu avais fait une action d’éclat… Mais pourquoi me regarder en dessous et serrer les dents. Si tu as des reproches à me faire, parle, Pythias nous jugera… Qu’est-ce que tu as ?… (Lysias s’en va.) Tu t’en vas sans me répondre et en me laissant là ?… (Elle pleure.) Tu vois, Pythias, ce que j’ai à souffrir de Lysias !

pythias

Ô le grossier, qui n’est pas attendri par ces larmes ! tu es une pierre, tu n’es pas un homme. (À Joessa) Il faut dire aussi que c’est toi, Joessa, qui l’as gâté en l’aimant trop et en le lui laissant voir. Il ne fallait pas le rechercher tant que cela. Les hommes deviennent méprisants quand ils s’en aperçoivent. Ne pleure plus, pauvre chérie ; et si tu me crois, ferme-lui la porte une fois ou deux quand il viendra, tu le verras bientôt s’échauffer et devenir fou de toi à son tour.