Aller au contenu

Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amoureux pour être cordelier chercha une religion plus indulgente à l’amour et il se fit… calviniste.

Le calvinisme était sous Henri IV une secte assez hétéroclite, qui comptait des évangélistes sincères, des indifférents sans principes, d’irréductibles athées, et même des païens, comme Bugnet.

On brûlait encore les sacrilèges, les incrédules et les sorciers, mais on ne brûlait plus les protestants. Aussi tous ceux que le christianisme incommodait en quelque point se réclamaient de la foi nouvelle, plutôt pour abjurer que pour se convertir, et simplement parce que le titre de réformé les libérait de toute contrainte morale[1].

Quand le bon Baptiste Bugnet eut douloureusement constaté que la règle de saint François ne lui permettait pas de rejoindre « sa Philline » aussi souvent qu’il l’eût rêvé, ni de servir cette « douce Vénus » dont il parlait d’une voix si tendre, il résolut donc d’aller au prêche, non pas en simple curieux comme la fameuse vache de Colas Pannier, mais en orateur capable de faire applaudir son abjuration.

Près de Paris, au village d’Ablon, un temple avait été fondé en 1598. Ce fut là que Bugnet se rendit, et sans doute Philline avec lui. On nous a

  1. M. FRÉDÉRIC LACHÈVRE a maintes fois signalé, dans l’histoire littéraire de la même époque, les rapports du libertinage et du protestantisme.