Aller au contenu

Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Marré ; puis, après un arrêt à Beaumont-la-Ronce, ils couchèrent en plein air au gué de Langerie.


Sous les saules plantés le long d’une prairie.


Cette année-là, il n’allait pas directement à Bourgueil mais à Tours, où Marie assistait aux noces d’une de ses cousines. Aussi passa-t-il par Saint-Côme, et peut-être ce souvenir ne fut-il pas indifférent à la demande qu’il fit plus tard d’obtenir le prieuré de cette abbaye afin de mourir dans le lieu même où il avait été aimé.

Sur les petits détails de la vie de Marie, nous ne savons que peu de chose. Elle avait une mère et deux sœurs avec lesquelles, le soir, elle causait et filait, assise devant la porte. Quand elle était au lit, elle contenait ses cheveux sombres dans un filet de soie verte et dormait sur le côté droit, la bouche fermée dans le pli du coude. Elle savait danser. Elle aimait les œillets.

Malheureusement elle ne crut pas toujours que Ronsard fût le seul homme digne d’être chéri par elle. Son poète lui donnait pourtant des arguments irrésistibles :


Marie, qui voudrait votre nom retourner,
Il trouverait Aimer. Aimez-moi donc, Marie.


Elle ne pensa pas que cet anagramme désignât spécialement le chef de la Pléiade, et d’autres