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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/25

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monies. Tous les jeunes gens et les jeunes filles y seraient assemblés comme pour une fête, et lutteraient à qui mieux saurait donner le baiser.


Ô ma belle maîtresse ! hé, que je voudrais bien
Qu’amour nous eût conjoints d’un semblable lien
Et qu’après notre mort, dans nos fosses ombreuses,
Nous fussions la chanson des bouches amoureuses


C’est alors qu’on vint lui apprendre que Marie avait expiré.

Comment il la pleura, ceux qui ont lu ses vers le devinent. Les grands voluptueux sont les seuls poètes qui aient su parler de la Mort. Le lit et le cercueil de Marie demeurent ensevelis sous les roses. Ronsard était un amant. Les quinze lamentations funèbres qu’il offrit à son tombeau sont toujours pleines de larmes ; il n’en est pas de plus émouvantes. C’est là qu’est écrit ce vers admirable qu’on ne cite jamais :


Elle enflamme la terre et la tombe d’amour.


Le Dies Irae fut chanté sur Marie dans une église du XIIe siècle qui seule subsiste encore des murailles anciennes où flotta son ombre. Puis on l’enterra derrière l’abside. Nous ne saurons jamais sous quelle croix disparue.

Telle est la vie de Marie Dupin, qui mourut à vingt et un ans, aimée de Ronsard et immortelle.