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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/35

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Ce qui distingue M. de Sygognes entre tous les poètes français, c’est la conception personnelle qu’il a des ridicules de l’être humain.

Il n’aime ni la caricature, ni la charge, et je suis persuadé que si les nymphes souterraines des Champs-Élysées lui ont montré des estampes de Rowlandson, il n’a pas trouvé cela drôle.

Pour lui, le ridicule est un phénomène de la fantasmagorie. L’existence réelle lui semble un privilège accordé à l’homme normal ; mais la vieille femme est une fumée, le perclus est un cauchemar et le nabot un feu follet.

Lisez ces vers :


     Ceste petite dame au visage de cire
La voyant pâle et triste en sa blancheur coiffée
Les dieux de nos ruisseaux l’estiment une fée
Les autres un lapin revenant du bouillon
               Ou bien un papillon
Le moindre petit vent pour soulager sa peine
Comme un vent de lutins la porte à la fontaine,
Car elle pèse moins, la nymphe du jardin
               Que son vertugadin.


En voici d’autres sur le même sujet. Il s’agit d’une de ces vieilles femmes plus menues que des petites filles : un manteau à fleurs, et rien dedans. J’aurais bien voulu citer ce curieux sonnet à propos de l’enquête qui vient d’être faite sur la question de l’e muet. Nulle part vous ne trouverez autant de muettes que dans le sonnet de Sygognes ;