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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 12.djvu/198

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de la naissance humaine devient même le symbole de la vie universelle. Comme il n’est guère visible chez la femme que dans la position accroupie, cette posture sera sacrée. Aux mystères d’Eleusis une femme ainsi présentée provoquera le sourire de Déméter, la fin de son deuil hivernal, la naissance du printemps, le retour de la nature à la vie.

Mais dans la croyance populaire qui s’inquiète peu des abstractions et qui conçoit le bonheur sous une forme négative (absence de maladies, absence de dangers, etc.), la force de l’organe réside surtout en ce qu’il protège contre le mal. Le présenter, c’est exorciser. En Perse, en Lycie, en Grèce, en Égypte, une femme lève ses vêtements et tous les malheurs s’écartent : les souffrances de l’homme, les fléaux de la terre, les bêtes féroces, les divinités méchantes.

Et le plus curieux, c’est que malgré l’influence de l’Ancien Testament qui a, là-dessus, des idées ethniques absolument opposées cette croyance s’est perpétuée dans l’Europe chrétienne et particulièrement en France jusqu’au xvie siècle — je pourrais même dire jusqu’à nos jours puisqu’on en trouve des vestiges dans le folklore contemporain de presque toutes nos provinces. Seulement, à partir du xvie siècle on commence à ne plus comprendre. On rit. Quand Rabelais et La Fontaine racontent qu’une femme en levant ses jupes