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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/145

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Connaîtrons-nous les grands horizons nébuleux,
L’eau du fleuve, le lac de lumière, les roses,
Et l’humide sommeil, les champs profonds et bleus ?…


                                       II

Des sylvains et des pans se souvient-elle encore
Qui troublaient les bois bleus de leurs bonds turbulents ?
Un soir, avec le thyrse et les tambourins blancs,
La danse des pieds nus a suivi Terpsichore.

Solitaire, et mirant la lune dans ses yeux,
L’hamadryade au vent livre ses mains rameuses.
Les fleurs ne meurent plus du repos des dormeuses.
Le chêne se verdit d’un lierre injurieux.

Parfois, sautant l’eau vive au gué des pierres plates,
Le Chèvre-pieds lascif qui tremble sur ses pattes
Étreint le corps flexible, arborescent et frais.

Il combat, et la nymphe hostile se révulse,
Mais rien n’arrachera de ses flancs satisfaits
La corne qui la cloue à l’ægipan bisulce.