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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/39

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III


Un ravin haut et nu.

La nuit.

Le calme.

« Qu’est-il devenu ? demandait Ariane. Je ne sais plus son nom, et pourtant je me rappelle qu’il m’a laissée.

— Il fallait, répondait le dieu, il fallait qu’il te laissât, car telle est la loi de l’amour en qui tu t’étais confiée. Ceux qui demanderont ne seront pas aimés ; ceux qui seront aimés s’en iront. Et c’est pourquoi tu te trompais. Mais aujourd’hui tu es dans la vraie route, sur le Chemin de la Paix Éternelle.

— Ô Roi Dionysos, quelle est donc cette paix ?

— Ne la sens-tu pas ?

— Il est vrai. Je ne suis plus Ariane. Je ne sens plus les pierres ni les feuilles sous mes pieds autrefois meurtris. Je ne sens même plus la fraîcheur de l’air. Je sens ta main.